Restitutions de résidences création
Rodolphe Huguet
“Quand l’utopie devient réalité ou quand la réalité devient utopie…
Lors de mes séjours sur le territoire, j’ai observé le nouvel aménagement effectué dans la cour ou se trouve les locaux d’idem+arts. Ce contraste entre les bâtiments historiques et l’espace de la cour vide en bitume noir m’a interpellé.
J’ai décidé de travailler dans cet espace et de l’investir en y installant une cabane abritant une table avec des bancs, ainsi que 3 tables de ferme. Ces éléments traités en noir peuvent avoir la fonction utilitaire d’une guinguette, mais durant l’exposition, seront aussi les socles de l’installation « Plat du jour »
Les plats du jour, repas les moins onéreux, sont évoqués par une série de sculptures de boîtes de conserves en céramiques de grandes tailles.
J’ai réalisé une partie de ces sculptures avec une technique ancestrale pour les grosses pièces, dite « tournage à la corde ».
Ces « boîtes de conserves » en terre cuite, présentées telles des trophées sur leurs « tables podium », nous accueillent vides, cabossées. Sont-elles les restes de repas, les fossiles d’une époque où l’on conservait la nourriture ?
A chaque résidence les artistes sont invités à réaliser une édition, j’ai donc décidé pour accompagner cette installation, de lui obtenir une Licence de débit de boissons ou autre en créant une Licence inexistante, la Licence V, dont la loi est du 16 juillet 1969, jour de ma naissance… Cette édition est réalisée comme toute Licence légale, sous la forme d’une plaque émaillée et offre donc à la guinguette toutes libertés utopiques…
L’espace central de la cabane guinguette
« Licence V », demeurera dans la cour pour être utilisé comme bar/resto lors des vernissages et offrir un espace de travail extérieur aux élèves d’idem+arts.”
Anne Breton
L ‘ i n v i t a t i o n
Installation réalisée à la suite d’une résidence de création à Idem + Arts en 2020-2021, l’exposition s’est tenue dans les locaux d’Idem + Arts à Maubeuge, du 17 septembre au 29 octobre 2022.
Pendant cette résidence, mes balades, ma rencontre avec une apicultrice, mes visites au forum antique de Bavay ainsi qu’au musée de la céramique de Ferrière la Petite m’ont marquées et sont devenues le point de départ de mes recherches. La matière et les matériaux me permettent de me connecter au monde. J’ai étendu le territoire arpenté jusque dans mes voyages et pensées pour faire naître un espace sensible, lier histoires personnelles et universelles autour de la figure du contenant. Insectes, déesses, lectures, plantes, objets sont devenus le dénominateur commun de ces recherches. Pour cette exposition, j’ai créé un ensemble de récipients pour accueillir des plantes glanées, des abeilles, des liquides. Ces objets détiennent un potentiel de rituels et d’histoires. Ils conservent la mémoire de ce qu’ils contiennent, de ce qui les traversent et les restituent aux corps et au monde.
Les oeuvres présentées sont en céramique, laiton, cire, bois et textile teint avec des plantes glanées sur le territoire et au delà.
La plupart des pièces exposées sont transformées par le feu. A l’occasion du vernissage j’ai proposé une cuisson primitive de type «raku» (cuisson confortable ou cuisson heureuse) de bols réalisés lors d’un temps de modelage, d’un temps de conversation. Chaque bol, chaque rencontre contient sa propre histoire.
Photos Paul Tahon > paultahon.com
Carol Levy
GF-006-GK
Rural studio est une agence d’architecture basée en Alabama créée en 1993 par Samuel Mockbee pour travailler avec ses étudiants. Les préoccupations écologiques et la responsabilité sociale sont à la base des recherches de Rural studio. Le projet de Masons bend entierement réalisé en pare-brise de voiture a été au cours du projet une source importante d’inspiration. Boussois était pendant longtemps un centre important de production de pares-brises.
Ma principale idée était alors de réaliser une installation mobile volumineuse en rapport avec l’architecture. J’ai dessiné de multiples projets et réalisé des maquettes de volumes couplés à des structures en bois, des sortes de charpentes tendant vers le décoratif dans lesquelles les surfaces transparentes colorées forment des vitraux minimalistes. Le travail était axé sur la lumière et la structure, le sacré et le merveilleux étant envisagés comme des orientations, la surface transparente colorée intervenant dans la construction.
Après tous les croquis et maquettes réalisés (confère les visuels) le projet a bien évolué, toujours en rapport avec le sacré et les techniques de construction, charpente, ouverture de lumière, vitraux mais après la compilation de nombreux documents j’ai trouvé de nouveaux éléments inspirant dans le design des caravanes pliables. L’idée d’une sculpture-architecture s’est renforcée et cette évolution a également été influencée par le plaisir que j’ai eu à aménager un mini-van pour voyager et dormir un peu partout dans la nature ou en ville, en France et en Europe.
La base du projet reste celle de l’esthétique et des matériaux de « Notre Dame des Glaces », les vitraux et la charpente, le style Art déco des vitraux, ses formes et ses couleurs.
L’utilisation de la remorque-fourgon tractable par ma voiture pour bouger ma construction d’un village à un autre est entrée avec force dans la composition finale de l’objet.
Le dessin de la charpente qui devient le corps d’un grand vitrail minimaliste est l’élément principal de ma sculpture, le plexiglas remplace le verre pour des raisons de résistance aux chocs de la route.
L’ensemble emprunte à deux esthétiques opposées, celles de la cathédrale et celle de la remorque fourgon ; ce type de rencontre hasardeuse aboutissant à un objet au design improbable mais bien étudié qui présente une option jour avec le vitrail et la lumière du soleil et une version nuit avec l’éclairage électrique.
Voici donc cette architecture mobile habitable dont l’esthétique inspirée par les éléments architecturaux de « Notre Dame des Glaces », du minimalisme japonais, de la charpente et du vitrail, viendra provisoirement habiter des lieux ruraux du territoire du Val de Sambre.
Dialogist-Kantor
L’exposition était le résultat d’une résidence d’artiste de deux ans menée par le duo Dialogist-Kantor, invité par l’association idem+arts à Maubeuge.
La restitution de ce projet s’est déroulée dans un lieu emblématique de la ville : le Shakespeare, un ancien hôtel-bar-restaurant fermé depuis 8 ans.Les artistes ont choisi d’occuper et de réactiver cet espace abandonné, transformant l’exposition en une véritable intervention artistique in situ. Le programme comprenait plusieurs éléments : une tribune libre permettant des échanges avec le public, la présentation d’archives liées au lieu et au projet, des invitations à d’autres artistes pour des interventions ponctuelles, diverses installations et œuvres créées spécifiquement pour l’espace.
L’événement principal s’est tenu le samedi 20 avril de 14h30 à 19h. Cependant, l’exposition était également accessible lors de permanences du 16 au 19 avril (14h30-18h), offrant des opportunités de rencontres, de préparation et de programmation. Une dernière visite était possible le dimanche 21 avril.Cette exposition a permis de redonner vie temporairement à un lieu chargé d’histoire pour la ville de Maubeuge, tout en présentant le travail de Dialogist-Kantor issu de leur longue immersion dans le contexte local. L’approche choisie, mêlant occupation artistique, archives et interventions, a créé un dialogue entre le passé du lieu, le présent de la création artistique, et potentiellement son avenir.La résidence des Dialogist-Kantor, composée de Toni Geirlandt et Carlos Montalvo, à Idem+arts a été marquée par une collecte approfondie de recherches plutôt que par la création directe d’œuvres. les Dialogist-Kantor ont consacré leur temps à la collecte minutieuse de documents, d’idées et de matériaux, constituant ainsi une base solide pour leurs futures créations.
Les archives agissent comme des témoignages et des traces d’une recherche profonde, témoignant de l’engagement des Dialogist-Kantor envers leur processus artistique malgré les défis rencontrés.